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TROIS VIES PAR SEMAINE - Michel BUSSI - Roman


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Trois vies par semaine - Michel Bussi

Un meurtre, trois hommes, trois familles, trois villes françaises différentes.

C’est ainsi que débute le dernier roman de Bussi.

Le corps de Renaud Duval, 46 ans, est retrouvé sans vie au belvédère des Quatre Fils Aymon, au coeur des Ardennes. Rapidement, les enquêteurs découvrent des éléments quelque peu surprenants, dans la voiture de la victime. L’homme possède trois permis de conduire : Renaud Duval né le 29 janvier 1977 à Charleville-Mézières, Pierre Rousseau né le 29 janvier 1977 à Paris, Hans Bernard né le 29 janvier 1977 à Mende, en Lozère.

Trois identités pour une seule et même date de naissance.

« Katel Marelle se concentre à nouveau sur les trois photos d’identité. On pouvait repérer d’infimes différences entre les clichés : un col de chemise dépassant sur celle de Renaud Duval, un pull à encolure ronde sur celle de Pierre Rousseau, des cheveux un peu plus courts sur celle d’Hans Bernard, un regard un peu plus haut pour Renaud, un menton un peu plus bas pour Pierre, quelques poils de barbe supplémentaires pour Hans… Ce n’étaient pas les mêmes photos, mais c’était sans aucun doute le même homme. » (page 21)

Katel Marelle, la gendarme en charge de l’enquête, remonte rapidement jusqu’à la femme du défunt, Agnès Duval, qu’ici tout le monde appelle Nanesse.

« Nanesse vivait avec Renaud Duval depuis vingt-huit ans. A Charleville-Mézières, pendant vingt-trois ans, puis ici, à Bourg-Fidèle, depuis cinq ans. » (page 27)

Plusieurs jours par mois, le mari de Nanesse était absent du domicile conjugal, pour des raisons professionnelles. Duval était ingénieur, il travaillait pour une grosse entreprise belge. Ses déplacements l’obligeaient à être absent une semaine par mois, rarement plus.

« Une semaine par mois, pensa Katel. Assez pour se construire une autre vie ailleurs, une ou deux autres. » (page 28)

Le roman est scindé autour des trois identités de Duval, mais également autour de trois femmes : Nanesse, la femme de Renaud; Vicky Malzieu, trente ans, propriétaire d’un gîte dans le Cantal, mère de la petite Lola et concubine de Hans Bernard, chauffeur routier et très peu présent.

« Hans s’était installé. Une semaine sur quatre. Lui aussi était un gars du coin, un peu plus au sud, d’un peu plus à l’est, il était né à Mende, avait grandi quelque part dans les Cévennes, il connaissait par coeur le pays, les Grands Causses Méjean et de Sauveterre, les vallées du Tarn et du Lot… » (page 53)

Enfin, il y a Eléa qui vit seule, à Paris. Eléa est secrétaire dans une agence immobilière. Bien plus jeune que Vicky et Nanesse, la jeune-femme vit une romance, la plupart du temps à distance et par messages avec Pierre Rousseau dont elle a découvert les poèmes dans un magazine édité par un libraire passionné de poésie et de marionnettes.

« Eléa et Pierre s’écrivirent d’abord tous les mois, une longue lettre manuscrite, puis toutes les semaines. Une pile de plus de cent lettres échangées avant qu’Eléa, progressivement, ne délaisse leur correspondance de papier pour les mots virtuels de son téléphone portable. Eléa adorait ces technologies nouvelles, Pierre les détestait, mais elle avait fini par le convaincre de se convertir à l’immédiateté, aux lettres qui circulent à la vitesse de la pensée. » (pages 56-57)

Atteinte d’un syndrome d’autisme Asperger, doublée d’un haut potentiel intellectuel, cet idylle convient parfaitement à la jeune-femme. Mais, lorsqu’elle ne reçoit plus de message de Pierre depuis deux jours entiers, son Pierre qu’elle surnomme Petrouchka, elle s’inquiète et tente de le retrouver grâce aux maigres indices qu’elle reçoit par SMS.

« Elle ne s’était pas trompée, il lui avait avoué, alors qu’elle caressait chaque micro parcelle de sa peau, il était danseur professionnel, il tournait partout dans le monde, dans son rôle favori, presque unique, Petrouchka, le ballet d’Igor Stravinsky, la marionnette la plus connue du théâtre russe, amoureux fou de sa ballerine. » (page 59)

Eléa est sans contexte, selon moi, le personnage le plus haut en couleurs du roman : elle entretient en continu des conversations à la fois mordantes et drôles avec Brain, qui n’est autre que son cerveau.

« - Tu en penses quoi, Brain ?

Tu veux que je te réponde franchement ?

- Ni franchement, ni hypocritement, je veux que tu me répondes objectivement.

Alors objectivement, je pense que Pierre est mort.

(…)

- Tu fais chier, Brain.

J’analyse juste les faits. » (page 62)

Nanesse, pour sa part, incarne la douceur, le pardon et le don de soi. Vicky, la jeune mère célibataire est la fonceuse de cette équipe hétéroclite.

On pourrait penser que le dernier roman de Bussi est une histoire d’hommes, au singulier ou au pluriel (c’est ce que vous éluciderez en lisant le livre), mais en réalité, c’est une histoire de femmes : des femmes amoureuses et prêtes à risquer leurs vies pour retrouver celui qu’elles aiment.

Une fois de plus, Bussi signe un ouvrage de qualité avec plusieurs retournements de situation et, avec pour trame de fond, une marionnettiste qui, pendant plus de quarante ans, va tirer les ficelles invisibles du destin pour conjurer le sort de celui qu’elle aime plus qu’elle-même et pour qui elle est prête à tout. Et puis, bien sûr, de par le titre choisi par l’auteur, on ne peut s’empêcher de fredonner la chanson d’Indochine dans un coin de sa tête : Trois nuits par semaine.

« Je profite de cette nuit, peut-être ma dernière, pour enregistrer ces ultimes mots.

Que retiendrez-vous de mon histoire, vous qui l’écouterez ?

Que retient-on de nous, une fois nos vies froissées ?

Nous ne sommes que des êtres de chiffon et de papier.

Mais vous, vous qui m’écoutez, vous qui êtes bien vivants,

J’ai un secret à vous confier.

Vous êtes les seuls à pouvoir mettre un point final à cette histoire.

Méfiez-vous de tout ce que vous lirez,

Méfiez-vous de tout ce que vous apprendrez,

Méfiez-vous des fils invisibles,

Méfiez-vous de celui ou de celles

Qui tire les ficelles. »

Milana (page 9)


456 pages / publié en mars 2023 aux éditions Les Presses de la Cité

Retrouvez les autres chroniques littéraires sur les romans de Michel Bussi : Nouvelle Babel / 612- Qui a tué le Petit Prince / Le temps est assassin / Rien ne t’efface / On la trouvait plutôt jolie / Au soleil redouté


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