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MARIE CURIE ET SES FILLES - Claudine MONTEIL - Biographie


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Marie CURIE et ses filles - Claudine Monteil

Maria Sklodowska naît dans une famille polonaise, au coeur de Varsovie. Sous le Régime de l’occupation de Moscou, son père se voit retirer sa promotion au rang de directeur d’école. La mère et l’une des soeurs de Marie meurent, alors qu’elle est encore très jeune. Les liens avec son père et sa soeur ainée, Bronia, se renforcent. Mais, alors qu’elle rêve de Paris pour pouvoir y suivre des études de sciences (seuls certains établissements français acceptaient à l’époque d’accueillir des femmes), elle met ses projets entre parenthèse pendant trois ans afin que sa soeur puisse partir en premier faire ses études de médecine. Bronia réussit ses examens et rencontre un homme qui deviendra rapidement son époux. Après des hésitations à s’éloigner de leur père, Marie vient alors s’installer en France, dans des conditions difficiles : le froid et la faim rythment ses saisons estudiantines. Mais elle ne se décourage pas pour autant. Elle étudie tout le temps et passe haut la main tous ses examens. Devant chaque homme de sa promotion.

Qui aurait pu en douter ? Pas nous, qui connaissons l'histoire. Après tout, il s’agit de la future double prix Nobel !

Mais cela c’est pour plus tard. Entre temps, elle rencontre celui qui deviendra son mari, son compagnon, aussi bien dans la vie qu’au travail : Pierre Curie, un jeune chercheur français qui, lui aussi, obtiendra par la suite un Nobel. Le couple aura deux filles : Irène l’ainée, et Eve la cadette qui sera encore toute petite à la mort de son père. Un stupide accident en sortant d’un restaurant. Commotion cérébrale. Mort sur le coup. Marie se retrouve veuve. Elle a 39 ans et nous sommes en 1906. Deux enfants à charge. Des recherches à poursuivre pour sauver des vies. Et toujours cette urgence chez Marie d'avancer, de guérir grâce à la Science.

C’est son beau-père, avec qui elle a toujours entretenu une relation filiale, qui veillera sur les filles pendant que Marie continuera ses recherches sur le radium et le polonium.

Aujourd’hui, on connait Marie Curie, la scientifique émérite que les enfants étudient dans les livres d’Histoire et dont la dépouille et celle de son mari seront déplacés plus tard au Panthéon, sur la demande de François Mitterand, à la fin des années 80. Mais on connait moins son engagement pendant la Grande Guerre. En effet, en 1914, lorsque la guerre éclate avec l’Allemagne, Marie n’hésite pas à défendre les intérêts scientifiques de son pays d’adoption, ce même pays dont quelques scientifiques et journalistes de bas étages, envieux et mesquins, n’hésiteront pas à rappeler à Marie Curie qu’elle est une étrangère, une polonaise.

Mais Marie Curie est bien trop intelligente et travailleuse pour se laisser stopper dans son élan : elle cache ses recherches dans un lourd sac de voyage et prend le train pour Bordeaux. A l’arrivée, elle ouvre un coffre et y cache ses travaux pour qu’ils ne tombent pas dans les mains de l’ennemi. Et rentre le même jour à Paris. Durant les 4 ans que durera la Première Guerre mondiale, Marie participera grandement à l’effort de guerre en mettant en place notamment ce que les soldats appelleront avec le temps « les petites Curie », les premiers centres de radiologie mobiles. Pour ce faire, elle sollicite les femmes de la bourgeoisie parisienne et leur empruntent (à vie finalement) leurs limousines. Sa fille aînée, Irène, la rejoindra sur le terrain, parfois à quelques mètres des combats qui font rage. Et grâce aux petites Curie, des milliers de soldats pourront être opérés avec précision. A la fin de la guerre, Marie, rejoint une fois encore par Irène, puis par le mari d’Irène, Frédéric Joliot-Curie, continuera ses travaux de recherches. Elle se rendra à deux reprises aux Etats-Unis pour y récupérer du radium, offert grâce à la solidarité d’américaines qui ont participé financièrement à l’acquisition du précieux composant chimique. L'Etat français n'a pas d'argent pour ses scientifiques...

En 1934, des années d’exposition aux radiations auront raison de Marie qui, depuis longtemps déjà, souffre physiquement: fatigue chronique, problèmes de peau, cécité galopante... Elle s’éteint à l’âge de 67 ans.

Irène et Frédéric continueront les recherches, obtiendront également des prix Nobel et ne seront pas en reste dans leurs engagements pour la patrie lorsque les nazis marcheront sur Paris cinq ans plus tard.

Et Eve dans tout cela ? Pas de prix Nobel pour elle. Il y a assez de scientifiques dans cette famille. A peine sortie de l’adolescence, elle débute une carrière de pianiste… qu’elle abandonne après sa première représentation publique. Pas simple d’être une Curie. Finalement, elle trouvera sa voix lorsqu’un éditeur américain lui demandera, à la mort de sa mère, d’écrire sa biographie. D’écrivaine, elle deviendra correspondante de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale et rejoindra la France Libre à Londres et de Gaulle. Pour cet affront au gouvernement vichyste, elle (et le Général aussi d’ailleurs!) sera destituée de sa nationalité française (qu’elle récupèrera en 1945). Elle s’éteindra à l’âge de 106 ans, avec une vie tout aussi remplie et émérite que celle de sa mère et de sa soeur, mais passera la majorité de son existence loin de la Pologne et de la France.


Si vous avez envie de découvrir dans le détail la vie de ces trois femmes, je vous invite à lire l’ouvrage de Claudine Monteil qui est une source considérable d’informations au sujet de Marie, d’Irène et d’Eve.

Ce livre est très peu relayé et commenté sur les réseaux sociaux et sur le net, et c’est bien dommage car il apporte beaucoup à l’histoire de cette singulière famille. Je remercie l'auteure pour tout ce qu'elle m'a donné l'opportunité d'y apprendre.


319 pages / Publié en mars 2023 chez les éditions Harper Collins Poche


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