On dit souvent que l'auteur.e est la personne la plus mal placée pour parler de son livre. En dire trop ou pas assez. Focaliser la prise de parole sur certains éléments du roman qui ne sont pas forcément les sujets qui marqueront l'esprit des lectrices et les lecteurs. S'attacher à un personnage plutôt qu'à un autre. Tout ceci est très subjectif, en fin de compte. Et c'est pour l'une de ces raisons qu'il vaut mieux laisser la parole à celles et ceux qui lisent, plutôt qu'à l'auteur.e, car, dans un sens, une fois écrit, le livre ne lui appartient plus. Sa mission devient celle de voyager à travers la planète et l'esprit de son lectorat.
Je vous propose ici de découvrir l'avis du site littéraire Au plaisir de Lire sur Les Endormis. J'en profite pour remercier chaleureusement Pascale François pour son retour.
"L’auteure, Béatrice Bernier-Barbé, française, vit à Dakar. Mais l’âme africaine coule dans ses veines. Elle est née sur ce continent et y a quasiment toujours vécu, au gré des déplacements professionnels de ses parents, avant de s’installer elle-même au Sénégal. Elle puise dans cette histoire personnelle les racines de sa veine littéraire.
Avec les Endormis, son second roman, elle nous livre un magnifique roman initiatique, dont l’esprit est donné par cet extrait :
« Aujourd’hui nous sommes là. On se dispute, on se fâche, on ne se parle plus, on rumine des idées sombres, des griefs que l’on porte dans son cœur, à l’encontre de ceux qui font partie de nos vies. Et puis, l’instant d’après, ceux que l’on croyait éternels, ceux que l’on pensait avoir le temps de revoir pour arranger les choses, pour partager un bon moment, pour les serrer très fort contre son cœur, ceux-là même, disparaissaient à jamais. Et ce n’est qu’après que l’on se dit : « Si j’avais su ? Si j’avais pu… J’aurais dû. »
30 Aout 2020 – Aéroport international de Dakar-Blaise Diagne, les passagers du Vol AF 742 Dakar-Paris sont en salle d’embarquement et se préparent à entrer dans l’avion. Parmi tous les passagers, il y a Karim, Shana, Marco, Nafi, et Solène. Ils ne se connaissent pas malgré quelques regards croisés, ou quelques paroles échangées.
De fortes intempéries pendant le vol obligent le commandement de bord à faire demi-tour et à se poser de nouveau sur le sol africain. Karim, Shana, Marco, Nafi, et Solène vont alors vivre une expérience exceptionnelle qui va bouleverser leur vie à tout jamais. Après trois jours de sommeil dans le service du Docteur Niang, à l’hôpital de Dakar, ils vont se réveiller et découvrir qu’ils ont la possibilité de communiquer entre eux, d’être présents auprès des autres, malgré la distance qui les sépare.
Ils vont alors pouvoir partager leurs vies, s’entraider sans que leurs proches ne s’en aperçoivent, créant des situations paradoxales, où la réalité tangible se confronte à l’invisible, l’incompréhensible.
De Saly, à Toulouse, en passant par Dakar et Montpellier, l’auteure nous emmène peu à peu à la rencontre des cinq endormis du vol AF 742. Elle nous révèle la puissance du tempérament de chacun d’eux, mais également leur part d’ombre, leur face cachée, leurs failles, leur point de rupture.
Béatrice Bernier-Barbé peint avec beaucoup de délicatesse et de subtilité les méandres parfois tortueux de l’âme humaine au travers de la description et de l’histoire de chaque personnage.
Une chaîne d’amitié se crée entre eux et chacun finit par trouver en l’autre la force d’aller plus loin, d’aller jusqu’au bout de son propre chemin, sans avoir à renoncer : accepter la mort de l’autre pour vivre à son tour, accepter de donner la vie pour se dépasser, accepter son passé pour mieux vivre son futur, accepter son présent pour faire face au passé.
Le rythme du roman est soutenu, puissant, et entraîne le lecteur à tourner la page.
Ce roman est une invitation au dépassement de soi, de nos peurs, une initiation à l’âme vagabonde, au lâcher prise. C’est l’âme africaine qui vient à la rencontre de sa sœur occidentale pour la sauver de son cartésianisme et lui souffler que le monde peut être multiple.
Béatrice Bernier-Barbé affirme, au travers de ce roman, une belle qualité littéraire empreinte de poésie qui donne une tonalité toute particulière à son ouvrage.
Pascal François, pour Au Plaisir de Lire
(Septembre 2021)
Crédit photo: Amantesuxorem et Aurelia_pl_dkr (Instagram)
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