Le Chêne Blanc est le premier tome d'une saga en quatre volets (Les Chroniques d'un rêve) écrite par Malik Samb, un auteur dont je vous ai déjà parlé sur le site. Je lui avais consacré une interview en mars dernier.
Malik Samb nous embarque dans une histoire de famille qui dépasse les limites du temps : d'un côté, nous suivons Kaleb, un trentenaire parisien qui partage depuis cinq ans son quotidien avec Mégane, sa compagne. Kaleb est le riche héritier de l'empire Sankofa, une entreprise africaine spécialisée dans l'import-export de biens et de marchandises à travers le monde. Mais Kaleb préfère ne pas s'immiscer dans le business familial et laisser sa mère, la "dame de fer" ainsi que son mari (qui n'est pas le père de Kaleb) diriger l'entreprise. Pourtant, la vie de notre héros semble partir dans tous les sens lorsque Mégane lui fait savoir qu'elle veut tout quitter pour prendre la mer, et que Sankofa fait la Une des informations télévisées.
" Nouveau container Sankofa plein de vivres et de morts, échoué au large des côtes de Libye. Le container a apparement dérivé trois jours après que l'un des bateaux du célèbre armateur a été arrimé au large des côtes espagnoles. Plus d'informations, ou pas, avec notre correspondant spécial." (page 87)
Dans le château familial où vit dorénavant sa grand-mère, Kaleb découvre, grâce à son grand-oncle paternel, que son défunt grand-père, qui a dirigé Sankofa toute sa vie, parlait souvent d'un ancêtre : Kemi. La famille a finit par se persuader que "Le Colonel" (tel était le surnom du grand-père) avait dû perdre la tête avec l'âge.
Retour dans le passé : 300 ans plus tôt. Trahi par certains membres de sa famille, Kemi, héritier du royaume du Kal'Dor, est emprisonné à Gorée, en attendant d'être embarqué de force sur un bateau, vendu comme esclave et destiné aux travaux forcés et à une mort certaine, de l'autre côté de l'Atlantique.
"Je découvris au bout du quai le bateau. Je l'aurais pensé plus grand, vu sa marchandise. Mais comme toujours, partout, l'Homme en veut toujours plus en en faisant le moins possible. (...) Enfin sur le navire, nous fûmes libérés de nos entraves au niveau du cou, vite resserrées aux chevilles par des chaînes, deux à deux. La chance, le destin, ou juste l'Univers décida, heureusement, de relier ma chaîne à celle du Duc." (page 21)
Mais, quand tous les espoirs sembleront perdus, Kemi, "Le diamant noir", continuera de lutter pour survivre et pour retrouver sa liberté.
Alors, me direz-vous, comment Kemi, qui a vécu au XVIème siècle peut-il communiquer avec Kaleb ? La réponse s'impose d'elle-même : grâce aux chroniques d'un rêve.
"La nuit était aveuglante. Ses yeux peinaient et pleuraient à s'ouvrir face à toute cette luminosité. Difficilement, il commença à discerner une forme. Un arbre. Planté là, au milieu d'une plaine de sable blanc entourée de dunes. Il n'y avait pas un bruit. Pas un souffle de vent. Il avança. Il voulait aller vers l'Arbre. Ses pas, ses mouvements, tout semblait comme au ralenti. Il se rapprocha... Il y avait quelqu'un sous l'arbre." (page 59)
De Gorée au Vieux Port de Marseille, en passant par les îles du Cap-Vert, sans oublier Paris, Dakar ou l'île de la Réunion, Malik Samb nous offre un premier roman à la fois historique et contemporain, très dynamique et faste. L'écriture est fluide, les pages du livre défilent sous nos yeux à la vitesse vertigineuse d'un bateau de pirates, prêt à aborder ! Le style est libre, très moderne.
C'est un premier roman réussi qui donne envie de lire la suite de la saga littéraire Les Chroniques d'un rêve. Entre ouvrage historique, auto fiction et roman presque initiatique, impossible de faire rentrer cet ouvrage dans un moule. Et c'est aussi ce qui fait son charme.
Belle future lecture à vous. 📖📚
357 pages / sorti en janvier 2022 / en auto édition
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