Où allons-nous ? Au Liban, principalement, et en France
À quelle époque ? 1960 - 2020
Venez, je vous raconte de quoi il est question :
Dans la continuité de son ouvrage Le roman de Beyrouth (publié en 2006), Alexandre Najjar nous propose ici une lecture entre Histoire et romance dans un Liban depuis les années 1960 jusqu’à la terrifiante explosion du port de Beyrouth, le 04 aout 2020.
Recluse dans un hôtel en Bretagne, Amira Mitri, le personnage principal du Syndrome de Beyrouth, nous livre vingt ans de souvenirs. D’abord combattante, puis journaliste pour un quotidien de l’opposition à Beyrouth, elle relate les mémoires d’un passé mélancolique et regrettable.
« Mon prénom, Amira, signifie « princesse » en arabe. Mais il n’était pas prédestiné, puisque je ne suis pas « née avec une cuiller en or dans la bouche», et que ma jeunesse a été ternie par la guerre qui, de 1975 à 1990, a ravagé le Liban. » (P.21)
Née en 1960, Amira grandit à Beyrouth au sein d’une famille modeste appartenant à la communauté grecque-orthodoxe, une minorité qui représentait environ 8% de la population, à l’époque. Entre guerre, modernité et respect des traditions, les parents se disputent souvent.
« Entre ma mère et mon père, la mésentente était permanente. Elle aurait sans doute dû le quitter pour avoir la paix et nous épargner leurs disputes, mais le sens du devoir, qui lui commandait de sacrifier son bonheur pour assurer le nôtre au sein d’une famille « unie », et le fait qu’elle n’était pas financièrement autonome l’avaient dissuadée de franchir le pas. Ce climat détestable avait créé chez mon frère et moi une aversion pour le mariage et conforté chez nous la volonté de rester indépendants. » (P.32)
À dix-huit ans, en cachette de ses parents, et pour l’indépendance de son pays, Amira se rend à la caserne d’Achrafieh pour y être recrutée parmi de jeunes combattantes « destinées à former le noyau des sections féminines du parti Kataëb en lutte contre les fedayin palestiniens et leurs acolytes du Mouvement national ». Comme nom de guerre, elle choisit « Verlaine », en souvenir du poète et de « Chansons d’automne ».
Après un entrainement accéléré et succinct, elle se retrouve au front, à ravitailler les troupes au milieu des bombardements continuels et des blessés. Un jour, de retour à la maison, une de ses voisines lui apprend que son fils vient d’être enlevé. Les ravisseurs demandent à ce que la dépouille de quatre des leurs leur soit rendue, en échange du fils des voisins.
Entre rancœur et compassion, il faut rester debout, quoiqu’il arrive. Malgré les attentats, les voitures piégées, les assassinats, les bombardements, les enterrements successifs, la perte de ceux qu’on aime, le manque de tout, l’immensité du rien, la vie vide de sens, la violence omniprésente. Continuer de se lever, affronter courageusement chaque nouvelle aube. Mais surtout, garder espoir ! S’accrocher au moindre souffle de vie. Y croire encore, y croire toujours. C’est peut-être cela, Le syndrome de Beyrouth.
Beyrouth, l’indestructible. Beyrouth, l’éternelle éprouvée. Beyrouth, le Phénix qui renaitra toujours de ses cendres. C’est écrit.
« La mer est généreuse et indolente, tendre et dangereuse, attachante et imprévisible. Comme le Liban » (P.291)
Bravo à l’auteur et belle lecture à vous !
320 pages / Septembre 2021 / Éditions Plon
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