Août 1939. Grace Bennett, 23 ans, et sa meilleure amie Viv quittent Drayton, en campagne, pour rejoindre Londres. Un an plus tôt, Mrs Weatherford, une amie très proche de la mère de Grace, a proposé d'héberger les jeunes femmes gratuitement à la capitale durant deux mois, le temps qu'elles trouvent un travail et puissent participer aux dépenses du foyer. Lorsque la mère de Grace, Beatrice, décède d'une longue maladie, elle découvre que leur maison appartient finalement à son oncle. Sans état d'âme, ce dernier vient s'y installer avec sa famille et exploite Grace dans son magasin. Finalement, la tante paternelle fait comprendre à Grace qu'elle prend trop de place et qu'il est temps qu'elle parte. Orpheline et chassée de sa propre demeure, c'est dans ces circonstances qu'elle arrive à Londres.
Mais l'ambiance est loin d'y être festive : la menace de la guerre plane sur la ville.
"Dans la rue, des affiches appelaient les hommes à prendre leurs responsabilités, d'autres à ignorer la menace de Hitler et de réserver quand même des billets pour les vacances d'été. Une barricade de sacs de sable encadrait une porte sur laquelle une pancarte en noir et blanc indiquait qu'il s'agissait d'un abri contre les attaques aériennes." (page 9)
S'étant "fabriquée" une lettre de recommandation, Viv trouve rapidement du travail dans un grand magasin de la place. Grace, de son côté, s'est refusée à produire un faux document, bien qu'elle ait largement les compétences requises, elle aussi, pour assurer les fonctions de vendeuse. Mais comme son oncle aigri n'a rien fait pour lui faciliter la vie et lui écrire une lettre de recommandation, elle trouve finalement une place de vendeuse chez un vieux libraire bourru, grâce à sa logeuse. Au départ, le travail chez M. Evans (le propriétaire de Primrose Hill Books) n'est pas des plus agréables. Il a accepté parce que Mrs. Weatherford le lui a demandé, mais il n'a aucune envie d'une présence étrangère dans sa librairie. Il lui adresse à peine la parole.
"A en juger par la couche de poussière qui couvrait les rayonnages, le ménage n'avait pas été fait depuis longtemps. Des livres s'empilaient sur le plancher, créant une impression de désordre que soulignait l'état du comptoir encombré de documents, de petits bouts de crayons taillés trop souvent et d'un bric-à-brac indescriptible." (page 20)
"Je n'ai pas besoin d'une employée. Cette bonne femme m'a harcelé jusqu'à ce que j'accepte, expliqua-t-il en agitant un index un peu rageur. Et ne vous attachez pas trop à ce travail, miss Bennett. Vous n'êtes là que pour six mois." (page 30)
A Londres, les semaines s'égrainent au fil des saisons et l'ambiance se dégrade. Les enfants de la capitale sont évacués vers des familles bénévoles à la campagne. Les hommes partent à la guerre : les volontaires dans un premier temps, puis tous ceux qui sont déclarés aptes au service de la Nation. C'est ainsi que Colin, le fils unique de 21 ans de Mrs. Weatherford, qui voue une passion sans limite aux animaux et protège la vie sous toutes ses formes, quitte le domicile. Les maisons et les magasins se calfeutrent et se barricadent. Le gouvernement instaure le black-out toutes les nuits. S'installe alors une guerre de l'attente. Viv décide d'intégrer l'ATS (Auxiliary Territorial Service), une branche féminine de l'armée britannique.
Et, à la librairie, Grace rencontre un jeune homme charmant, George Anderson, passionné de littérature, et ingénieur. Mais avant même qu'une histoire n'ait le temps de se mettre en place entre les deux jeunes gens, George est envoyé au front par la RAF (aviation), on ne sait où (secret militaire).
En plus de son travail à la librairie où les relations avec M. Evans se sont amplement adoucies, Grace s'engage trois nuits par semaine comme garde ARP. Le soir, elle patrouille en binôme et à pied dans les rues des quartiers pour faire respecter le couvre-feu et assurer la sécurité des civils. Elle continuera de le faire sous les bombardements pour venir en aide aux habitants. Mais surtout, elle tombe amoureuse de George et des livres.
"Lire, c'est... c'est voyager sans prendre le train ou le bateau, c'est découvrir de nouveaux mondes merveilleux, c'est mené une vie à laquelle on n'est pas destiné, avoir une chance de voir les choses avec les yeux d'un autre, c'est apprendre sans risquer l'échec et ses conséquences. Quel meilleur moyen de réussir ? Je crois qu'il existe au fond de chacun d'entre nous un vide à combler. Pour moi, ce sont les livres qui jouent ce rôle, avec les expériences multiples qu'ils nous procurent." (George, page 65)
J'ai beaucoup apprécié La librairie des rêves ensevelis. Ce roman historique m'a donné l'opportunité d'en apprendre plus sur la manière de vivre des Londoniens et des Londoniennes durant la Seconde Guerre Mondiale. La lecture est rapide. Les personnages du roman sont crédibles et cohérents. L'amour que Grace porte au monde de la littérature est particulièrement attachant. Si vous aimez les romans historiques, je vous recommande la lecture de cet ouvrage et également celle des romans de Régine Deforges, la saga de La bicyclette bleue.
278 pages / sorti en février 2022 aux Editions Charleston
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