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LA FERME DES ANIMAUX – George ORWELL

Dernière mise à jour : 21 févr. 2022


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La ferme des animaux

Où allons-nous ? En Angleterre, dans la ferme du manoir qui deviendra par la suite la ferme des animaux


À quelle époque ? Au XXème siècle


Venez, je vous raconte de quoi il est question :


Les animaux de la ferme du manoir, sous l’impulsion et la vision onirique de Sage l’Ancien (un cochon d’un certain âge), décident de préparer une révolution contre Mr Jones, le propriétaire de la ferme.


« Quelle est donc, camarades, la nature de notre existence ? Regardons les choses en face : nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est tout juste donné de quoi survivre, et ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme. Et dans l’instant que nous cessons d’être utiles, voici qu’on nous égorge avec une cruauté inqualifiable.» Sage l’ancien aux animaux de la ferme P.13


Six mois plus tard, Boule de Neige et Napoléon, les deux cochons les plus éminents, courageux et intelligents de tous, ont déjà organisé l’offensive. Et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, les animaux renversent l’institution du fermier et le forcent à déguerpir dare-dare :


« Une situation inextricable. Car de leur vie leurs maîtres n’avaient vu les animaux se conduire pareillement. Ceux qui avaient coutume de les maltraiter, de les rosser à qui mieux mieux, voilà qu’ils avaient peur. Devant le soulèvement, les hommes perdirent la tête, et bientôt, renonçant au combat, prirent leurs jambes à leur cou. En pleine déroute, ils filèrent par le chemin de terre qui mène à la route, les animaux triomphants à leurs trousses. » P.27


Une fois débarrassée des hommes, une nouvelle hiérarchie, accompagnée de sept commandements inviolables, est instaurée à la ferme par les cochons qui ont pris le commandement : « tout deuxpattes est un ennemi », « tout quatrepattes ou tout volatile, un ami », « nul animal ne portera de vêtements », puis « nul animal ne dormira dans un lit », « nul animal ne boira de l’alcool », « nul animal ne tuera un autre animal », enfin, « tous les animaux sont égaux ». Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, Napoléon jalouse secrètement Boule de Neige et complote dans son dos.


À mon humble avis :


George Orwell (1903-1950), de son vrai nom Éric Arthur Blair, était à la fois romancier, journaliste et critique. Ses œuvres littéraires qui ont su traversé le temps sont incontestablement « 1984 » et « La ferme des animaux », deux grands classiques indémodables de la littéraire anglaise. En 2008, le quotidien britannique The Times le classe au deuxième rang des « 50 plus grands écrivains britanniques depuis 1945 ».


À travers « La ferme des animaux », Orwell dresse une critique sociale mordante et y dénonce clairement les gouvernances totalitaires de son temps.


« Après mûre réflexion, Boule de Neige signifia que les Sept Commandements pouvaient, après tout se ramener à une maxime unique, à savoir : Quattrepattes, oui ! Deuxpattes, non ! En cela, dit-il réside le principe fondamental de l’Animalisme. Quiconque en aurait tout à fait saisi la signification serait à l’abri des influences humaines. » P.41


On s’attend à ce que les animaux, libérés du joug de l’humain, coulent des jours heureux, au sein d’une société nouvelle et équitable. Mais il n’en est rien ! Poussé par une soif de pouvoir et une jalousie maladive, Napoléon affronte avec violence Boule de Neige et l’oblige à prendre la fuite. Suite à cela, doucement, mais surement, il instaure un régime dictatorial au sein de la ferme.


« À l’avenir, toutes questions relatives à la gestion de la ferme seraient tranchées par un comité de cochons, sous sa propre présidence. Le comité se réunirait en séances privées, après quoi les décisions seraient communiquées aux autres animaux. On continuerait de se rassembler le dimanche pour le salut au drapeau, chanter Bêtes d’Angleterre et recevoir les consignes de la semaine. Mais les débats publics étaient abolis. » P.62


Ce qui fait la différence :


Ce livre a été écrit il y a plus de soixante-dix ans. Pourtant, ce roman allégorique résonne encore très fort au XXIème siècle, à qui veut entendre l’écho de la pensée de l’auteur qui nous met en garde contre les dérives du pouvoir.


Au fur et à mesure que l’on avance dans l’œuvre, on réalise que les cochons, devenus les maîtres de la ferme, transgressent, les uns après les autres, les commandements initialement édictés, après la révolution. Et pour légitimer leurs dérives, ils n’hésitent pas à mentir, manipuler et remodeler les lois.


« Et comme un léger doute subsistait dans quelques esprits, Brille-Babil, en personne astucieuse, leur demanda : « Êtes-vous tout à fait sûrs, camarades, que vous n’avez pas rêvé ? Pouvez-vous faire état d’un document, d’un texte consigné sur un registre ou l’autre ? » Et comme assurément n’existait aucun écrit consigné, les animaux furent convaincus de leur erreur. » P.72


Ainsi, avec le temps, tous les commandements se retrouvent modifiés, sur le bon vouloir de sa majesté Napoléon. Pourtant, les animaux ne semblent pas prêts à refaire une révolution. Ils semblent plutôt se résigner à leur triste sort et se contenter une fois de plus du strict minimum, en échange d’un travail acharné qui précipitera même certains jusque dans la mort.


Dans cette fable animalière indémodable, un peu à la manière de Jean de La Fontaine, George Orwell cache à peine, derrière le principe de l’Animalisme, une satire du stalinisme et du régime soviétique dans les années 30-40. Mais l’auteur nous emmène plus loin encore, sur le chemin d’une réflexion philosophique au sujet de la condition et de la servitude humaines, quelle que soit l’époque.


Belle lecture à vous !

PS: j'ai également chroniqué "1984" sur mon site internet, si la lecture vous tente.


160 pages / janvier 1984 (publié pour la première fois en 1945) / Version française chez Gallimard Folio



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