La ferme Kaydara se situe dans la commune de Fimela, au cœur du Siné Saloum, à trois heures en voiture au sud de Dakar.
Kaydara, toute une philosophie
« Kaïdara » est à la base un conte initiatique peul écrit par d’Amadou Hampâté Bâ. Ce conte relate l’aventure de trois jeunes amis dont deux ne sauront pas entendre les leçons de la sagesse incarnées par un vieil homme.
La ferme école Kaydara porte ce nom en l’hommage du conte, mais aussi pour jouer sur les sonorités de la langue, car lorsque l’on prononce ce mot, on entend aussi : « viens à l’école, viens apprendre ». Étudier à Kaydara, c’est acquérir l’avoir, le pouvoir et le savoir.
Pour la petite histoire
C’est en 2003 que Gora Ndiaye, le fondateur et directeur de l’écoferme, acquiert un immense terrain et commence à y mettre en place un microclimat. À partir de 2007, les premières plantations sont ensemencées et l’agriculture s’y développe.
Il faudra attendre 2008-2010 pour que les premières formations soient dispensées aux stagiaires qui deviendront par la suite formateurs eux-mêmes. Au même moment, le centre commence à développer les semences reproductives.
Aujourd’hui, la structure accueille à l’année une vingtaine de jeunes venus de tout le Sénégal : de la Casamance, de la région de Louga, de celle de Tambacounda ou encore de Kédougou.
Pour Gora Ndiaye, cette ferme école, c’est aussi un code de conduite dont la maxime prône fièrement au-dessus du tableau noir de la salle de classe en plein air : « Seul est vaincu celui qui renonce ».
Josette Loukianoff, la marraine de la promotion 2021, nous dit également ceci : « La ferme-école Kaydara montre le chemin à un certain nombre de jeunes. Mais cela demande beaucoup de force de caractère. »
Il faut apprendre à cultiver la terre et ses semences, il faut savoir faire preuve de patience, il faut aussi accepter de faire des erreurs. Et puis, une fois formés, les élèves se voient attribuer leur propre lopin de terre qu’ils cultiveront et développeront de manière à devenir autonomes sur la production et la distribution en fruits et légumes. Ils apprennent donc aussi à devenir de véritables autoentrepreneurs.
« L’Afrique peut redevenir un centre d’initiatives et de décisions scientifiques, au lieu de croire qu’elle est condamnée à rester l’appendice, le champ d’expansion économique des pays développés. » Cheikh Anta Diop, historien, anthropologue et homme politique sénégalais.
La vie à Kaydara
Ici, la vie est rythmée par de nombreuses activités auxquelles chacun participe, selon ses compétences et son niveau d’apprentissages. Le matin, les élèves en formation cultivent la parcelle de terre qui leur a été attribuée. De nombreux puits permettent d’alimenter les cultures en eau. L’après-midi, après un repas partagé tous ensemble, ils se réunissent sous la grande paillote dédiée aux apprentissages et aux partages d’expérience.
À Kaydara, on apprend aussi au sujet du capital foncier, du capital végétal, du capital animal, du capital semencier, on acquiert un savoir agro écologique et technologique ainsi qu’un capital financier qui sera alimenté par la vente de la production du stagiaire durant l’année.
Et à la tombée de la nuit, lorsque la chaleur commence enfin à baisser et que les dernières lueurs du jour se sont éclipsées, on se réunit, sous un coin de nature pour ambiancer la nuit au son des tams-tams et des danses Sérères.
Lorsque vous arriverez à la ferme-école, après avoir slalomé sur les pistes et le tan, vous découvrirez une oasis de végétation florissante et généreuse. De grands cocotiers, des plantations à foison : de la tomate, du chou, du gombo, des tournesols, du bissap, et j’en passe. C’est également un accueil chaleureux que vous fera l’ensemble de l’équipe de la ferme.
Tout de suite, nous partons arpenter ce jardin d’Eden avec Cheikh Anta, aujourd’hui formateur. Il nous fait découvrir son espace de culture. Rapidement, d’autres jeunes en formation se mêlent à notre petit cortège. Chacun nous montre et nous explique comment et pourquoi telle ou telle plante pousse, ce dont elle a besoin pour s’épanouir, la raison pour laquelle elle a été plantée à cet endroit précis. Les fleurs protègent les cultures en attirant les insectes. Ici, on cultive trois espèces différentes de tomate.
Le cocotier a des racines qui descendent jusqu’à 7 mètres de profondeur. Il existe deux variétés de bissap : le rouge et le blanc.
Les pneus qui entourent les jeunes pousses de papayers découragent les rats à venir les attaquer.
En vrac, pèle-mêle, nous aussi, nous apprenons. Nous continuons de flâner dans ce grand jardin à ciel ouvert. La chaleur devient plus intense, mais la végétation nous protège des rayons du soleil harassants qui brûlent la peau.
Nous allons nous abriter sous la tonnelle ombragée où sont dispensés les cours et les moments de partage. Gora et Josette nous expliquent la philosophie de la ferme-école. Chacun pose ses questions. Les réponses sont volubiles, enjouées, passionnantes et parfois philosophiques.
Vient alors l’heure du repas que nous partageons avec le propriétaire des lieux, la marraine de la promotion 2021 et quelques formateurs. En entrée, que des légumes du jardin. Ils sont délicieux ! En plat de résistance, un merveilleux poulet curry (on est loin du poulet bicyclette !) avec du riz et des haricots verts issus de la production locale. En dessert, une salade de fruits rafraîchissante. Sans oublier le délicieux cake au bissap préparé par Blandine, notre guide qui connait chaque recoin du Sénégal.
C’est vrai, je ne vous ai pas encore présenté Blandine. Alors Blandine, c’est une baroudeuse dans l’âme. Un savant mélange de connaissances infinies et de soif d’aventure ! Si vous avez Blandine à vos côtés, vous n’avez besoin ni de Google, ni de Siri, ni d’une encyclopédie ! Avec elle, oubliez les circuits touristiques de base, calqués sur les stéréotypes. Blandine, elle monte avec vous en charrette sur le tan pour aller voir les hyènes (bukki en wolof) et les chacals à la tombée de la nuit. Elle pousse le mini car qui s’est enlisé dans un petit village dont vous ne retiendrez pas le nom. Elle vous parle de tous les coins qu’elle a arpentés sur cette planète, et vous passez la soirée, au clair de lune, à l’écouter des heures.
Mais revenons à la ferme-école de Kaydara. Après le repas, la chaleur se fait intense et la digestion copieuse. Dans une heure, nous reprendrons la piste. Mais pour le moment, c’est encore la fête. Alors, on nous accueille encore et toujours dans la bonne humeur et la convivialité. On sort les tams-tams, on commence à chanter et à danser. On ambiance le jardin d’Eden au rythme entrainant des percussions qui résonnent fort. Adama, ancien danseur professionnel reconverti et en formation, chauffe la piste de sable pour nous inviter à entrer dans la ronde. William, artiste créatif et orignal, frappe avec énergie sur son tam-tam. Pierre-Eugène veut nous montrer qu’en Casamance aussi on sait bien danser. Jérôme, un jeune parisien arrivé il y a quelques mois, s’est aussi mis au mbalax.
« C’est à Kaydara, c’est à Kaydara, qu’on s’est rencontré… »
Et puis, après cette formidable journée passée à leur côté, vient le moment de repartir. Les au revoir prennent un temps certain. Nous remercions chacun pour son accueil et ce moment de partage. Et nous repartons avec un cadeau : quelques graines d’helianthus (la fleur du soleil, autrement dit, le tournesol) que nous tenterons de faire pousser, loin de Kaydara, une fois rentrés à la capitale.
Mais en attendant, la ferme-école Kaydara et son équipe auront laissé beaucoup de lumière dans nos cœurs. Merci à toutes et à tous pour ce moment inoubliable !
Le réseau associatif
Kaydara fait partie d’une association du nom de « Les amis de jardins d’Afrique », une association basée en France. Vous pouvez également contacter la structure et visiter leur site internet via ce lien: La ferme-école Kaydara
Et si vous voulez partir avec la formidable Blandine, voici également comment la contacter :
« Découvre ton Sénégal » : +221 77 269 03 32 / info@origin-africa.sn / sur Facebook et sur Instagram
À bientôt pour de nouvelles aventures autour du monde, et prenez soin de vous.
Béatrice Bernier-Barbé.
Crédit photos : Barbé Cédric et Bernier-Barbé Béatrice
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Tout à fait. Ce lieu et surtout les personnes que l'on y rencontre nous marquent. Une véritable chaleur humaine, un vrai partage simple et pure. Merci à vous.🙏🙏🙏😊