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LA BICYCLETTE BLEUE – Tomes 1, 2 et 3 – Régine DÉFORGES

De 1939 à 1945 (la Seconde Guerre mondiale)



Avez-vous déjà replongé dans des lectures que vous aviez faites 25 ans plus tôt, tout en vous demandant quelle expérience vous alliez en tirer ? Serez-vous déçu, ou, au contraire, toujours aussi conquis ? Pour ma part, c’est ce que j’ai eu envie d’expérimenter avec la saga mythique de Régine Déforges : La Bicyclette bleue. Je me suis dit « Allez, je vais relire le tome 1 », après avoir terminé Le Grand Monde de Pierre Lemaitre, le mois dernier. Adolescente, je travaillais mes leçons d’Histoire grâce aux livres historiques qui me tombaient sous la main, notamment ceux de Deforges qui regorgent de références historiques autour de la Seconde Guerre mondiale. Mais assez parlé de mon adolescence littéraire. Parlons plutôt des trois premiers tomes de La Bicyclette bleue.


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La bicyclette bleue - Tome 1 - Régine Deforges

Pour celles et ceux qui l’ont lu, vous vous souvenez certainement du personnage principal, Léa Delmas, qui sort à peine de l’adolescence au début du premier roman. Les parents de Léa sont propriétaires d’un grand domaine vinicole dans le sud-ouest de la France : Montillac. Au domaine, Léa et ses deux sœurs (Françoise, l’aînée et Laure la dernière) coulent des jours heureux et insouciants… jusqu’à ce que la guerre éclate. À partir de là, tous les amis et prétendants de Léa partent au front ou décident d’aider l’ennemi. Chacun doit faire un choix : collaborer avec l’Allemagne Nazie en suivant les ordres du Général Pétain ou organiser la résistance pour la France Libre. Par un concours de circonstances, Léa se retrouve à Paris, chez ses deux tantes, lorsque Paris croule sous les bombardements nazis. Mais, avant le début de la guerre, elle a fait un serment à Laurent D’Argilat, l’homme qu’elle aime et qui en a épousé une autre : veiller sur sa femme, Camille et sur leur enfant à naître. Camille est très faible. Pourtant, les deux jeunes femmes n’ont d’autre choix que de fuir pour tenter de retourner à Montillac. Quitter la capitale sous les bombardements s’avère être un périple des plus dangereux, mais elles n’ont pas le choix. Commence alors un voyage au bout de l’enfer dans lequel Léa perdra à jamais l’insouciance du monde de l’enfance.


« Souviens-toi, avant la guerre, toutes ces histoires d’Allemands, d’Alliés, de ligne Maginot, de Pologne m’ennuyaient, je ne voulais pas en entendre parler. Et puis, toi, Jean, Laurent et d’autres, vous êtes partis… Il y a eu la débâcle. Camille et moi sur les routes mitraillées, tous ces corps qui mourraient autour de nous, le corps de Josette, criblé de balles, la gorge ouverte d’où jaillissait le sang, cet homme qui nous avait attaquées…, la mort de Mme Le Ménestrel et de ses deux enfants, celle de maman sous les bombardements… papa… Mais, tant d’horreurs n’auraient peut-être pas suffi à me faire partager les idées de mon oncle Adrien ou les vôtres sans la présence des Allemands à Montillac, dans cette maison qui est la mienne. Chaque fois que je les voyais sur la terrasse, dans les vignes ou dans les chais, je me sentais dépossédée, humiliée. Je pensais qu’ils n’avaient pas le droit d’être là. J’ai alors compris ce que cela voulait dire avoir perdu la guerre, être occupé, et çà, je n’ai pas pu l’accepter. »


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101, Avenue Henri-Martin - La bicyclette bleue - Tome 2 - Régine Deforges

De retour à Montillac, la vie n’est plus aussi douce. Chacun manque de tout : restriction alimentaire, pénuries, manque de main-d’œuvre pour les vendanges, délations, emprisonnements, tortures, assassinats. Les nazis ont investi chaque recoin de la France avec la complicité du gouvernement français. Les familles juives sont déportées vers des camps de travaux forcés, du moins, c’est ce qui se raconte, mais, à ce moment de l’Histoire, très peu de détails circulent encore sur l’abomination des camps de concentration. Tout ce que l’on sait c’est que tout opposant, qu’il soit juif, communiste, homosexuel, tsigane, est embarqué de force et finit par disparaître, ou est fusillé.


Isabelle Delmas, la mère de Léa, meurt lors d’un bombardement près de Bordeaux, et le père de Léa, Pierre Delmas, ne s’en remettra jamais. Léa se retrouve seule à veiller sur ce qu’il reste de sa famille et sur ses terres. Mais l’ennemi est partout. Léa prend des risques en aidant la Résistance à transporter du courrier, des messages et des tracts sur sa bicyclette bleue. À plusieurs reprises, elle manque de se faire arrêter et torturer. Mais, de loin, un homme veille sur elle. Un homme qu’elle a croisé à Montillac, aux fiançailles de Laurent et de Camille, puis à Paris, et dont elle ne sait pas grand-chose : François Tavernier. Cet homme fera bien plus que de croiser sa route par la suite…


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Le diable en rit encore - La bicyclette bleue - Tome 3 - Régine Deforges

La saga foisonne de personnages bouleversants dont il serait impossible de parler dans leur intégralité ici. Ce serait trop long. Je reviendrai uniquement sur quelques-uns : Camille, que Léa déteste au départ, puisqu’elle la considère comme sa rivale et n’a qu’une idée en tête, lui voler son mari. Mais la guerre transforme les gens, leur fait revoir leurs priorités et leurs sentiments. Adrien Delmas, l’oncle paternel de Léa, homme de religion, qui s’engage dans la Résistance au péril de sa vie et de sa foi. Françoise, la sœur aînée et rivale de Léa, qui tombe amoureuse d’un officier allemand. La belle Sarah Mulsteïn, juive allemande, qui tente désespérément de sauver son père (un grand pianiste du nom d’Israël Lazare) et son mari des griffes du Troisième Reich. Raphaël Mahl, journaliste, écrivain, homosexuel, délateur et provocateur né. Sans oublier l’énigmatique François Tavernier qui tombe rapidement sous le charme de Léa Delmas.


Il y a de nombreux éléments puissants dans cette saga de Régine Deforges. Tout d’abord, le contexte historique évolutif que nous relate l’auteure avec une profonde connaissance du sujet : messages radio d’époque, textes officiels, histoires funestes et vraies... L’auteure a effectué un travail phénoménal ! Ensuite, il y a le personnage de Léa que Régine Deforges a su faire évoluer de manière divine au fil des tomes. Elle inscrit aussi la femme, à travers Léa, dans une émancipation libératrice et féminine du XXe siècle en France. Léa est à la fois forte et fragile, futile, provocante, insoumise, versatile et engagée. Mais ce qui la détermine par-dessus tout, c’est sa soif de vivre et son envie d’aimer et d’être aimée. Et puis, à la fin du tome 3 (« Le diable en rit encore »), Régine Deforges ne se contente pas de glorifier la lutte de la Résistance et le Général de Gaulle, elle nous oblige à porter un regard singulier sur les officiers SS, engagés jusque dans la mort, dans une lutte vaine. Mais aussi, elle nous rappelle que lorsqu’il y a la guerre quelque part, la vie ne redevient jamais comme avant, et que tout le monde y perd beaucoup.


La saga de La Bicyclette bleue en 10 tomes :

La bicyclette bleue (Tome 1 de 1939 à 1942), 101, Avenue Henri-Martin (Tome 2 de 1942 à 1944), Le Diable en rit encore (Tome 3 de 1944 à 1945), Noir Tango (Tome 4 de 1945 à 1947), Rue de la Soie (Tome 5 de 1947 à 1949), La dernière colline (Tome 6 de 1950 à 1954), Cuba Libre ! (Tome 7 de 1955 à 1959), Alger, Ville Blanche (Tome 8 de 1959 à 1960), Les Généraux du Crépuscule (Tome 9 de 1960 à 1962), Et quand viendra la fin du voyage… (Tome 10 de 1964 à 1967)


La bicyclette Bleue : 391 pages (1981) / 101, Avenue Henri-Martin : 410 pages (1987) / Le Diable en rit encore : 480 pages (1988)


Les ouvrages sont disponibles au Centre de Documentation d’Informations du lycée français Jean Mermoz de Dakar.


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