Où allons-nous ? En Afrique, principalement.
À quelle époque ? Loin, dans le futur.
Venez, je vous raconte de quoi il est question :
Nous sommes en Afrique, dans une époque lointaine et futuriste (2100).
Très vite, Zayi Namibie pose son décor :
« Une nouvelle ère a commencé, et une guerre calme, non officielle s’est installée. Un calme rythmé par une course effrénée aux savoirs de la méditation et à l’acquisition de pouvoirs psychiques… Un rythme lancé depuis le cœur de l’Afrique il y a plusieurs décennies, pour une course mondiale menée par l’Ordre des États africains. » (P. 5)
Depuis soixante ans, les hommes ont acquis la capacité à effectuer des voyages dans le temps, exclusivement dans le passé, pour mieux comprendre celui-ci et leur Histoire respective. Un peu partout dans le monde, des écoles temporelles se sont mises en place, après avoir reçu l’autorisation de l’école mère, l’École temporelle Baadaye, située dans la capitale de l’Ordre, Kituo Ch’Afrika, dans l’État du Kongo. Elles accueillent des enfants, à partir de l’âge de 6 mois, jusqu’à leurs 18 ans. Grâce à ses avancées spectaculaires, « le continent africain s’est unifié et s’est forgé une place de taille sur la scène intergalactique ». Alors, pourquoi des écoles pour former des enfants à voyager dans le temps ? Tout simplement parce que ce sont les seuls à pouvoir effectuer les voyages temporels. Le corps des adultes ne les supporte pas et entrainerait leur mort.
« Ces enfants qui ont la chance et la lourde responsabilité d’assumer le respect du cours de l’histoire, sont appelés ibogardiens. » (P.5)
Un petit mot maintenant au sujet de quelques ibogardiens dont vous allez partager l’histoire. Leleti, d’abord, originaire de Johannesburg, repérée depuis sa naissance par les anciens, à cause de son extraordinaire potentiel… Ou encore Keito qui vient d’une île du Japon et dont la capacité est de voir les esprits ; Vihaan qui a le pouvoir de savoir d’où les gens sont originaires et depuis quel moment ils ont quitté leur foyer.
Mais voyager dans le temps comporte son lot de risques à l’échelle planétaire. Et entre de mauvaises mains, le monde entier et l’existence de tous pourraient être menacés de disparaître à jamais.
« Un incident d’importance 2 a modifié le cours de l’histoire, dans la nuit. Il a été ressenti par tous les akili nyeti* du monde, à travers un long frisson pour certains, un mal de tête ou un malaise pour d’autres… Le seul point commun est qu’ils l’ont ressenti entre 4h et 4h20, heure locale, ce mercredi 6 janvier 2100. » (P. 12) (*esprits sensibles éveillés)
À mon humble avis :
Entre connexion cosmique avec l’Univers, usage de plantes médicinales et incantations secrètes, ce roman, à la fois futuriste et fantastique, nous plonge dans un monde qui nous fait longuement réfléchir à ce que pourrait être l’avenir, si un jour, les hommes trouvaient le moyen de se projeter à des époques différentes. Que déciderions-nous de faire ? Modifier le cours de l’Histoire pour rectifier certaines atrocités commises dans le passé par nos ancêtres? Observer, tout en restant passif face à des faits inéluctables pour ne pas risquer de modifier le cours de l’Histoire? Chambouler notre avenir à tous ?
« […] je vous rappelle que c’est un rêve qui est à l’origine de ce pas de géant pour l’humanité. Le fait que j’ai eu cette révélation sur les plantes accompagnées de l’incantation, ne veut pas dire personne d’autre, avant ou après, ne pouvait savoir voyager dans le temps ! Et entre nous,… Croyez-vous vraiment que quand le monde entier a su ce sur quoi nous avions la main, ils sont restés les bras croisés à nous admirer ? » (P. 15)
L’auteure nous dresse ici le portrait d’une Afrique forte et meneuse, et une vision telle que celle-ci fait du bien ! On y découvre un continent unifié et écouté par le reste du monde, une Afrique leader en pleine capacité de son potentiel inné !
Ce qui fait la différence :
Au fil des chapitres, vous rencontrerez un nouveau personnage qui vous racontera à la fois son histoire et celle de ce roman fantastique. J’ai grandement apprécié ce style littéraire choisi par l’auteure. Il instaure une grande dynamique à l’ouvrage et permet une immersion totale dans l’œuvre.
Je citerai également la diversité des langues que l’auteure nous permet de découvrir. J’ai ainsi appris que « bonjour » se disait « Jumbo » en kiswahili, ou encore que « père » se disait « tata » en lingala. J’ai aimé cet aspect linguistique, mis en avant par Zayi Namibie.
Et puis, bien entendu, même s’il s’agit d’un roman fantastique sur fond d’enquête policière et de course poursuite, l’auteure nous propose de prendre en compte de belles valeurs comme celles vis-à-vis desquelles les écoles temporelles s’engagent, à savoir défendre le cours de l’Histoire, défendre les droits de l’Homme et protéger l’Ordre des États africains.
Une chose est certaine, ce premier roman de Zayi Namibie est une vraie réussite dont je vous conseille vivement la lecture. Pour ma part, j’ai hâte de découvrir le Tome 2.
Je tiens également à préciser que j’ai trouvé la démarche de l’auteure pour pouvoir faire naître son premier roman en autoédition très originale. En effet, elle a lancé en février dernier un « Kickstarter » sur internet pour rendre son livre disponible en version papier, et pas seulement en numérique. Elle a également crée tout un univers autour des ibogardiens avec des illustrations de ce monde futuriste. Par exemple, à la fin du roman, en annexes, vous découvrirez le drapeau de « l’ordre des États africains », ou encore « l’organisation de l’enseignement ibogardien » ainsi que « la carte de l’Ordre des États africains ». Et j’ai vraiment trouvé cela génial, car, à sa manière, Zayi Namibie nous a totalement immergé dans son monde.
Belle future lecture à vous et bravo à l’auteure !
170 pages / Avril 2020 / Autoédition / Premier roman SF, Young Adult (à partir de 12 ans)
Le résumé officiel : « En l'an 2100 l'Afrique est métamorphosée et jouit d'une époque où le voyage dans le temps est possible grâce à l'ingestion d'un mélange de plantes. Cependant, seule la structure moléculaire immature des enfants peut en supporter les effets. Une école, présente aux quatre coins du monde, a été créée pour les former. On les appelle Ibogardiens. Mais après des décennies de vie paisible, un événement inquiétant est ressenti par les "akili nyeti" (esprits sensibles), et nos jeunes vont devoir intervenir. »
Un petit mot sur l’auteure à découvrir et à suivre (texte pris sur son blog) : « Originaire du Gabon et du Congo, ancienne aventurière convertie en maman, j'ai besoin de satisfaire (ou calmer) mon cerveau qui veut sans cesse construire de grandes choses. Pour cela, je me suis remise à écrire mais cette fois-ci, en imaginant le futur. C'est une aventure PAS-SIO-NAN-TE!! Pour écrire la série de romans L'Ere des Ibogardiens, je m'inspire de mes origines, de mes voyages, des nombreuses productions audiovisuelles que j'ai consommé... Mais aussi de nombreuses œuvres d'artistes noirs, inscrits dans l'afro-fantasy ou l'afro-futurisme. Comme beaucoup d'entre eux, je veux montrer autre chose de l'Afrique! Je réalise moi-même les illustrations aux crayons de couleur, crayons aquarelle et marqueurs peinture... Pendant qu'une puce retourne l'appartement, cuisine tout ce qui est à sa portée... Elle dit "NON" avec fermeté quand on lui dit de ranger... Parfois, j'aimerais aller dans le futur, pour souffler un peu, puis je reviens à ma réalité. »
Le site officiel des ibogardiens
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