Où allons-nous ? Sur l’île de Gorée, au Sénégal
À quelle époque ? Historique et contemporaine
Venez, je vous raconte de quoi il est question :
L’auteur a choisi l’appellation « roman » pour intituler son ouvrage. Pour ma part, j’aurais envie de parler de balade. Une randonnée pédestre dans les rues de Gorée : la rue de la compagnie, la rue Saint-Germain, la rue de Boufflers, la rue des batteries, la rue Tortue, la rue Bambara…
C’est une balade intemporelle et anecdotique qui met en avant la grande connaissance de l’île par l’auteur et son amour profond pour ce bout de terre, perdu au milieu de l’océan.
« En vérité, beaucoup d’entre eux, ceux-là témoins de mon avènement parce que déjà nés à l’époque, ne sont pas sans savoir les péripéties de ma désignation encore moins certains pans de l’histoire de l’île, cette île de Ber. Comment auraient-ils pu d’ailleurs méconnaître que celle-ci a été découverte en 1444 par le navigateur portugais Denis Dias ? Que ce nom vient du mot néerlandais « goede rade », qui signifie « la bonne rade » ? Qu’en son temps, ce bout de terre fut âprement disputé les Portugais, Hollandais, Anglais, Français ? Que ce sol étroit a toujours suscité la convoitise même ayant servi jadis de lieu de transit de milliers d’esclaves qui rejoignaient dans d’inhumaines conditions les plantations d’Amérique du Nord, du Brésil et des Caraïbes ? » (P.16)
Difficile de vous résumer cet ouvrage, car rien n’y semble figé, ni le temps ni les actions qui s’y déroulent. Comme le sable sur la berge qui accueille depuis des siècles les habitants et les visiteurs de Gorée, Coumba Castel de Gorée nous glisse des doigts pour entraîner notre attention sur des moments singuliers de la vie des Goréennes et des Goréens, entre le mystique et l’historique.
« Oui, je ne puis hélas dissimuler plus longtemps ma nature véritable. Elle ne saurait se résumer à une grande barque flottante qui porte mon nom. En réalité, je suis bien le génie protecteur de l’île, le génie tutélaire.» (P.40)
Coumba Castel de Gorée nous fait redécouvrir la maison des esclaves, l’école prestigieuse Mariama Bâ, ou encore l’histoire de ce pont qui devait relier l’île au continent et qui n’a jamais été achevé.
« C’est qu’aucun pont ne relie Dakar à Gorée. Je dois préciser qu’à l’époque, les autorités coloniales, mues par un louable souci de réalisation, s’étaient ingéniées à construire un pont. Oui, un pont comme celui très récemment édifié reliant Dakar à Banjul. Oui, un pont Dakar-Gorée. Mal leur en prit, car elles ont voulu réaliser cet ouvrage grandiose sans solliciter ma permission, sans se concilier mes bonnes grâces. » (P.19)
Je vous laisserai sur ce texte écrit par l’actuel maire de Gorée, Augustin Senghor, et reprit par l’auteur dans cet ouvrage :
« D’hier et d’aujourd’hui, le Cœur de Gorée !
Hier, Gorée,
Île de violence et de souffrance infinies…
Gorée, île de servilité et de pénibilité infligées,
Gorée, île de déportation et de séparation pour un peuple ;
Gorée, île de barbarie d’un peuple, île de l’agonie pour un autre ;
Aujourd’hui, Gorée
Île de souvenir et d’espoir, Gorée île de rencontre et de réconciliation.
Gorée, île de pardon et de paix
Gorée, île d’ouverture et d’avenir pour le monde
Gorée, symbole d’un monde uni dans la diversité
Gorée n’a pas de haine à rendre,
Gorée à de l’amour à donner en retour de la haine,
Gorée d’hier à aujourd’hui,
De la douleur au cœur, au Cœur d’Amour,
L’amour de nos ancêtres martyrs. »
136 pages / Février 2021 / Éditions Harmattan Sénégal
Crédit photos : Radwane Saheli Arts
Comentarios